La société française, comme ses besoins en santé, est en évolution constante.

Le vieillissement de la population, la prévalence des maladies chroniques et des polypathologies, l’augmentation des inégalités de santé et le virage ambulatoire, nécessitent de repenser la structuration de l’offre de soins globale.

Depuis 2018, le paysage français a ouvert ses portes à une nouvelle profession : l’infirmier en pratique avancée (IPA). Ce nouveau professionnel peut exercer dans les établissements de santé, mais aussi en équipes de soins primaires coordonnées par le médecin ou en assistance d’un médecin spécialiste.

L’introduction de la pratique avancée vise à un double objectif : améliorer l’accès aux soins ainsi que la qualité des parcours des patients en réduisant la charge de travail des médecins sur des pathologies ciblées et équilibrées : diabète de type 1 et 2, AVC, artériopathie chronique, cardiopathie, maladie coronaire, insuffisance respiratoire chronique, maladie de Parkinson, épilepsie, maladie d’Alzheimer et autres démences.

Née aux Etats-Unis dans les années 60 pour répondre à des besoins de soins primaires non satisfaits, la pratique avancée infirmière essaime à travers le monde et a largement fait ses preuves. Une méta-analyse américaine publiée en 2011 montre que l’état de santé de la population suivie par des IPA « est aussi bon, voire meilleur ».

Ce nouvel acteur de santé détient une formation universitaire d’une durée de deux ans supplémentaires (niveau Master 2) s’effectuant dans une faculté de médecine et possédant déjà une expérience minimum de trois ans en tant qu’infirmière.

Conformément à l’article R.4301-5 du Code de la santé publique, « Le médecin, après concertation avec le ou les infirmiers exerçant en pratique avancée, détermine les patients auxquels un suivi par un infirmier exerçant en pratique avancée est proposé. ».

Dans la pratique, les IPA assurent le suivi des pathologies chroniques équilibrées en alternance avec le médecin traitant dans le cadre d’un protocole d’organisation formalisé conjointement avec lui. Elle peut assurer ses consultations au cabinet, à domicile, mais aussi en téléconsultation. Elle a la possibilité d’effectuer des consultations spécialisées (bilan de santé, plaie, tabac…), intercalées avec ses propres consultations de réévaluation clinique et thérapeutique, permettant un suivi plus rapproché, avec un examen plus exhaustif, en termes de surveillance, de prévention et d'éducation thérapeutique. Elle organise le parcours de soins et de santé avec les acteurs impliqués dans la prise en charge du patient.

L’IPA peut également renouveler les traitements en adaptant certaines posologies, sans possibilité toutefois de prescrire de nouveaux médicaments, des examens complémentaires de suivi et des examens de biologie. En cas de constatation de problème de santé aiguë ou d'un risque de décompensation de la pathologie chronique, l'IPA dirige rapidement le patient vers son médecin traitant.

Ce nouveau métier permet un travail en partenariat avec les médecins, basé sur une relation de confiance mutuelle. Il permet non seulement d’optimiser le temps médical par l’alternance des suivis du patient, mais aussi un meilleur accès aux soins et une amélioration des parcours de santé.